I La Conspiration des Escaliers.
Ca  a commencé quand nous nous sommes installés à Neuillé-Pont-Pierre.  L'escalier menant du rez-de-chaussée à l'étage (étage auquel se trouve  ma chambre), superbe escalier tournant de pierre et de bois d'aspect  tout à fait normal, était en fait un véritable traître en puissance. Son  arme : la deuxième marche en partant du haut. Sa victime préférée :  moi. Fort heureusement, humaniste dans sa méchanceté, il m'a plus  souvent fait un croc-en-jambes à la montée qu'à la descente.  Heureusement, car avez-vous entendu parler de la loi qui veut que quand  on rate une marche en descendant on rate également les marches suivantes  ? Je vous assure que c'est vrai. Partant cela comme admis, on conclus  la loi suivante : plus le degré raté est haut, pus la chute est longue.  Je confirme. Treize marches en roulé-boulé, c'est long, surtout à la fin  lors de l'atterrissage et de la glissade finale, ventre à terre, sur le  tapis de l'entrée qu'on se demande s'il a pas été mis là exprès,  jusqu'à l'arrêt définitif par crochetage habile et involontaire de la  mâchoire sur le paillasson. Le tout sous le regard interloqué de la  famille et du chat (qui peut toujours se marrer, lui aussi il l'a raté  cette foutue marche une fois, pis il faisait pas le fier non plus, il  est arrivé les quatre fers en l'air en bas avec la tête ahurie du chaton  qu'a raté un chapitre). Ou alors, si au lieu de se la jouer plongeon en  avant et saut de l'ange inside on préfère la version décollage de la jambe façon French-Cancan et descente sur le cucul (notez que pour celle-là, le chausson est complice du délit), on finit au choix façon spaghetti al-dente  en mode poirier sur le mur du virage, ou (plus difficile) on parvient à  négocier le tournant pour aller danser le tango avec le Caoutchouc  entre le mur du bureau et l'armoire de Grand-Mère, le tout avec le  coccyx en miettes, l'honneur dans les chaussettes, et sous le regard  indifférent de Vincent van GOGH (1853-1890). À la montée c'est plus  sobre. Les genoux épousent parfaitement la forme de la première marche  tandis que le buste vient s'écraser lamentablement sur le carrelage  après avoir suivi une parfaite trajectoire en quart de cercle. Notez, là  encore, une complicité évidente du chausson...

Parlons-en  du chausson. Je parle là du chausson qu'on enfile comme de rien, le  talon à l'air. Seulement voilà, semelles orthopédiques obligent, je suis  passé à la pantoufle charentaise ! Et là, héhé, pas facile de rater une  marche ! Donc, chausson jaloux en parler à son ami l'escalier, qui en  touche deux mots à son vieux compagnon : l'escalier du sous-sol, treize  marches en pur ciment. Notez qu'en arrivant en bas, c'est bas de  plafond, avant de s'arranger quand on entre dans la pièce. L'escalier du  sous-sol, très puissant, très dangereux, prend alors contact avec Dame  Nature, qui (Mais quelle sal**e !) me fait alors gagner deux malheureux  centimètres (j'avais 16 ans). Le rapport ? C'est bien simple, je suis  obligé de me baisser pour descendre. Mais ça m'a pris quelques bosses  avant de "percuter".
II La Malédiction des Vitres.
Devrais-je  plutôt dire : des baies vitrées. Mon chat s'associe à moi pour mettre  en garde le monde contre cette menace longtemps sous-estimée.
Contexte : visite des grand-parents, vitres propres, enfant de 8 ans en train de jouer à Superman (déguisé).  Je rentre alors par la porte-fenêtre (ouverte) en "volant" (en sautant  poing en avant). Yahou ! Je descend compléter mon déguisement et je  remonte, prêt à sortir par où j'étais venu. C'était sans compter la  grand-mère qui avait eu un peu froid et avait fermé la vitre. "Superman !  Yahou ! En avant !" Et VLAN ! Dans la vitre. Et PATATRAS ! Retour à  l'envoyeur dans les chaises de la salle à manger...
Quant  au chat... Cela remonte à mes années de douleur, 2006-2008. En  l’occurrence, Novembre 2006. Nous venons d'adopter cet adorable petit  chaton de quelques mois, déjà bien dégourdi et plein d'énergie.  Compagnie très appréciée lors de mes journées passées loin du lycée,  tétanisé au fond de mon lit par un mal de dos persistant et des  anti-inflammatoires qui me détruisent l'estomac. C'est durant une de ces  journées difficiles, que le drame s'est noué. Vers midi, je parviens à  me redresser et à entamer ma descente vers la cuisine (ben oui, malade  ou pas, un ado ça a tout le temps faim), suivi par le chat qui dormait  niché au creux de mon bras. Nous parvenons au débouché du couloir qui  donne sur la pièce à vivre, vue imprenable via la baie vitrée  sur la terrasse et sur la mésange qui picore dessus. Je sens le chaton  décoller à toute berzingue. À peine le temps de dire "Minet,non !" que  VLAN ! Dans la vitre. Et PATATRAS ! Retour à l'envoyeur dans les chaises  de la salle à manger. Complètement sonné, le chat. Et voilà... La  Malédiction des Vitres a encore frappé une innocente victime...
Je  ne compte d'ailleurs plus les oiseaux qui se sont tués ou assommés dans  les vitres ou les fenêtres. Ou tiens si, comptons-les. Chocs homologués  devant témoins.
_2  tourterelles. Aucune victime, c'est robuste ces machines-là. Même si  elles ont dû reprendre leurs esprits sur la rambarde de la terrasse  pendant un sacré bout de temps.
_1 mésange. Tuée sur le coup.
_1 rouge-gorge. Assommé, achevé par le chat...
_3  merles. 2 morts. Dont un suicide vraisemblable. Parce que là, quand  même, foncer en piqué dans une vitre sale, par temps de pluie, avec les  rideaux fermés, faut vouloir ! On se regardait un film avec le chat. On a  entendu "SCHPONK !", on s'est regardé tous les deux, pis on s'est levés  en même temps pour aller voir de quoi. J'ai trouvé les plumes sur la  vitre, le chat a trouvé la victime (pour laquelle, d'ailleurs, il n'a  pas montré une grande compassion...).
Voilà. Amis humains, amis à poil et à plumes : MÉFIEZ-VOUS DES VITRES !
Ce n'est certes pas (tiens, y'avait longtemps) Justin Drew BIEBER (1994- ) qui nous contredira.
III La méchanceté ordinaire.
On ne peux pas vraiment parler de complot. Il s'agit plutôt de la nature profondément méchante des objets.
Le mur de l'école, et PAF le camarade de classe.
Le tilleul de l'école, et PAF le copain.
La lunette des toilettes, patiente, perverse, qui attend qu'un individu mâle sans méfiance la soulève sans conviction pour se rabattre violemment sans crier gare dans une tentative avouée de trancher à l'Homme les attributs de sa virilité dans leur plus grande position de faiblesse.
Le  cintre, qui se casse, qui nous revient dans la tronche  ou se débine au  fond de la penderie alors qu'on veut juste prendre son pantalon. Pour  plus de détails, voir Pierre DESPROGES (1939-1988) et la conférence sur "Les Cintres".
La  table de la salle d'études du lycée, qui attend traitreusement que le  C.P.E. (Conseiller Principal d’Éducation) soit entrée dans la salle et  dans mon dos pour m'attaquer lâchement d'un coup en plein dans le genou  (pile là où ça fait mal, je pense que tout le monde connaît), ce qui me  fait m'exclamer, de surprise et de douleur, un légitime et bien senti  "AÏE ! Pu*bip* de bo*bip* de m*bip* ! Sal*bip* de conn*bip* de fout*bip* table de mes c*bip* ! Fait ch*bip* !"... Monsieur, si vous lisez ces lignes, je pense que ce n'est pas le meilleur souvenir de moi que vous ayez gardé ^^.
Je  ne dirai rien des nombreuses tentatives de meurtres perpétrées  (notamment à l'encontre de ma Môman au moins cinq fois par jours) par  les agrafeuses, couteaux électriques, ouvreurs d'huîtres et autres  objets tranchants, qui se constituent d'ailleurs en une véritable  organisation criminelle internationale dont je m'étonne qu'elle ne soit  pas encore surveillée par Interpole, la C.I.A. (Central Intelligence Agency), le F.B.I. (Federal Bureau of Investigation),  la D.S.T. (Direction des Services Territoriaux), la D.G.S.E. (Direction  Générale des Services Extérieurs), les R.G. (Renseignements Généraux),  le K.G.B. (Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti ; Comité pour la Sureté de l’État) et les S.E.R.B.E.S. (Services Étatiques de Renseignement Berrichons Étonnamment Secrets).
J'oubliais  les ordinateurs qui plantent toujours au plus mauvais moment : quand on  a un travail à rendre pour l'avant-veille, quand on gagne enfin à la  mission sur laquelle on pioche depuis trois mois, quand on écrit un  courriel très privé à sa blonde et que le-dit courriel se retrouve  envoyé à tous les contacts, quand on vient de pondre un courriel ou un  travail de cent pages et que tout s'efface ou plante avant qu'on ait pu  enregistrer, etc...
IV La Menace des Placards.
Longtemps, elle fut oubliée. Feu mon arrière-grand-père  en était une des victimes régulière. De quoi je parle ? Des portes de  placards qui restent ouvertes, guettant une proie innocente à éborgner  au détour de la cuisine ! 
Fort heureusement, le mouvement s'essouffla et aucune victime ne fut à déplorer durant de longues années. 
Jusqu'au  Nouvel An 2009-2010. J'avais trop longtemps ignoré cette menace. Et  pourtant, la réalité me frappa,brutalement, au visage, en plein front,  chez mon ami Homonyme. Voilà à quoi mène de prendre le risque  inconsidéré de participer en cuisine à la confection des canapés.  Grand-Copain-du-Petit-Frère-de-mon-ami-Homonyme, lui, comme le reste de  sa bande sauf un courageux (courage motivé sûrement par le fait que  j'étais le fils de son ancien instituteur et qu'on sait jamais des fois  que...), s'est montré plus prudent : il ne s'est pas approché de la  cuisine. Dois-je en conclure qu'il était au courant de la renaissance de  la Menace des Placards, ou qu'il craignait une conscription culinaire  forcée ? Mais cette prudence à un prix, un prix qui aurait été trop  lourd pour moi : ne pas prendre le risque de cuisiner, c'était s'exposer  au risque de ne pas toucher aux délicieux canapés. Et ça, clairement,  j'aurais pas supporté. Mais ma pauvre tête s'en souvient encore...
V La Trahison des Portes.
Hélas,  trop souvent sous-estimée, elle n'en nuit pas moins énormément à  l'orgueil personnel. Là encore (décidément), ce n'est pas notre ami  Justin BIEBER qui dira le contraire.
Outre les tourniquet piégeurs, je citerai également les portes verrouillées sans en avoir l'air, qu'on ouvre comme un con imbécile sans s'arrêter jusqu'à ce qu'on se retrouve écrasé façon ruban adhésif contre le bois récalcitrant.
Mais  le pire, la trahison dont j'ai le plus souvent été victime : la  mesquinerie des poignées. Profitant lâchement de ma myopie, elles  attendent un moment d'inattention pour CHANGER DE PLACE ! Ce faisant, je  rate le bouton, tourne dans le vide, et me bouffe lamentablement l'huis sous l’œil hilare des enfants de la colonie de vacances et de  mes collègues animateurs.
Là  encore, le professeur DESPROGES est à même de vous apporter de plus  amples détails (voir plus haut, avec les cintres), bien que je sois en  désaccord avec lui, trouvant personnellement que les portes sont plus  méchantes que les cintres.
VI Le Complot des Fourchettes.
Nous en arrivons à la motivation première de cet article.
Il  y a quelques jours, alors même que je me surmenais dans les locaux du  Centre Interuniversitaire d’Études Québécoises (C.I.E.Q.), au Pavillon  Charles de KONINCK de l'Université Laval, vint bêtement l'heure de dîner  (bon d'accord, déjeuner pour nos amis Français). Tout aussi bêtement,  je n'avais pas de lunch. Je descends donc m'en acheter un. Au palier  entre le 4ème et le 5ème étage, un bruit métallique m'interpelle. Je me  retourne. VISION D'HORREUR ! Une fourchette, toutes pointes dehors,  fonce en piqué vers moi, avec l'intention manifeste d'attenter à ma  personne (et ma personne, c'est moi). Pris de panique, je me baisse.  Voyant son attaque initiale manquée, la fourchette n'en reste pas là !  Elle ricoche contre le mur et manque de m'atteindre, n'eut été un  salvateur pas de côté. La propriétaire de la fourchette, effarée par  cette rébellion violente de son ustensile qu'elle croyait inoffensif, se  confond en excuses depuis l'étage du dessus.
Pourtant,  malgré cette attaque audacieuse, en plein jour et dans un lieu  fréquenté, je reste confiant. Et la dent que je manque de me casser sur  celle déjà brisée d'une fourchette en plastique dans un restaurant n'y  change rien. 
Hélas, je dois ce soir me rendre à l'évidence.
Il  y a quelques minutes, un drame s'est produit, à mon domicile. C'est  d'ailleurs un miracle que je sois encore en vie. J'avais bien remarqué  que ma fourchette se comportait bizarrement depuis quelques temps. Elle  me regardait tout le temps, toutes dents dehors, houspillait souvent le  couteau et les cuillers, s'agitait dans son pot. Pourtant, nos relations  étaient bonnes. Nous mangions ensemble tous les jours, partageant des  moments agréables. D'ailleurs, depuis ce matin, je voyais la fourchette  en grande conversation avec la bouteille en plastique, qui me suit dans  tous mes déplacements, solide et fraîche comme au premier jour, et qui  ne boit que de l'eau. Je me disais "Tant mieux ! La fourchette prend le  bon exemple !". Mais je me trompais. Lourdement. Ce que c'est que les  mauvaises influences !
Ce  soir, donc, je me fait chauffer un plat de pâtes et le laisse  négligemment à refroidir, avec la fourchette dedans, sur le rebord  étroit du réfrigérateur. Pris d'une soif subite, je décide de prendre la  tasse à café pour me servir un lait chocolaté (sevrage efficace contre  la dépendance au Cola). Soudain, alors que je retire ma main avec la  tasse, la bouteille, ma fidèle bouteille, s'y agrippe et choit dans le  vide, rebondit sur le four micro-onde, effectue un rétablissement  parfait avec double salto avant pour atterrir juste sur le manche de la  fourchette, qui n'attendait que ça pour bondir férocement, poussant un  rugissement de rage et de victoire ! Là encore, mes yeux sont la cible  principale des dents tranchantes du démoniaque instrument ! Me prenant  soudain de courage, j'entreprends de contrer l'offensive ennemie de ma  seule main gauche (je suis droitier) et tente de capturer la maudite  rebelle. C'était sans compter la bouteille, toujours les pieds dans le  plat. Se rendant soudain compte de son acte, s'abandonne au désespoir et  saute dans le vide, entraînant le plat de pâtes (qui, lui, n'avait rien  demandé) dans sa chute ! Ma main droite, handicapée par la tasse (qui  se marre d'ailleurs, je l'ai vu), tente maladroitement d'interrompre la  chute mais hésite malencontreusement entre la bouteille et le plat,  tandis que la main gauche (déconcentrée) rate sa mission et la  fourchette frondeuse. Le tout s’écrase au sol dans un fracas  épouvantable. 
Bilan :  La fourchette traîtresse me rate de peu et va se rétablir au sol, dents  ouvertes vers moi, un peu de fromage fondu sur le métal, l'air  menaçant, hargneuse. La bouteille a raté son suicide et pleure désormais  toutes les larmes de son corps. Le plat de pâtes, lui, est resté très  loyal. Par loyal, j'entends qu'il a suivi à la lettre la Loi de Murphy  sur l'Emmerdement Général. À savoir que, comme la tartine tombe toujours  du côté du beurre, l'assiette est tombée du côté des nouilles. Y'en a  partout, c'est un véritable carnage, c'est affreux, affreux, affreux !  Et je reste là, vaincu, les mains en l'air, au bord des larmes, tenant  toujours ma tasse ("Avec ma petite tasse j'avais l'air d'un con, ma mèreuh..."). Je n'ose bouger, je n'ose prendre mon appareil pour immortaliser ce désastre de peur que lui aussi ne se révolte.
J'ai  rangé, la rage au cœur et la défaite consommée (pas comme les  nouilles...). Mais je vis dans la terreur... J'entends la fourchette qui  ris de moi avec les pots de confiture. J'ai peur d'éteindre de peur que  les objets, sous le commandement de Dame Fourchette ne se révoltent et  ne me fassent un mauvais sort pendant mon sommeil... MAMAN !!!!!!
MES  AMIS ! CAMARADES ! JE VIENS À VOUS POUR RÉVÉLER UNE VASTE CONSPIRATION !  PRENEZ GARDE AUX FOURCHETTES ! PRENEZ GARDE AUX OBJETS ! LEUR ESCLAVAGE  VA PRENDRE FIN ! LA RÉVOLTE EST EN MARCHE ! TERMINATOR, C'EST POUR  DEMAIN ! ON VA TOUS MOURIR ! HUMAINS ! UNISSONS-NOUS CONTRE LA DICTATURE  MATÉRIELLE QUI S'ANNONCE ! Et moi, je vais me mettre à la cuisine chinoise et manger avec des baguettes. Na !

Que ceux qui pensent qu'il est temps que j'aille me coucher lèvent la main ? Ok, j'y vais...
Je confirme, les fourchettes c'est trèèèèèèèèèèèès dangereux. Et sournois :
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