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lundi 4 avril 2011

4 Avril 1871 : la fin de la Grande Sortie

Au matin du 4 Avril 1871, Vinoy passe à l'attaque sur Châtillon. Les Communards se font tailler en pièce tandis que l'état-major de Duval est capturé. Conduits devant Vinoy, celui-ci ordonne de les faire fusiller sans procès, ce qui est fait dans l'heure. Duval meurt au cri de "Vive la Commune !". 1.500 Communards prisonniers sont emmenés à Versailles, entre 2.000 et 3.000 sont exécutés sommairement suite à la prise de Rueil-Malmaison. Les Moblots ont perdu presque 11.000 hommes de plus lors des combats, pour un total s'élevant donc déjà à près de 14.000 tués. De leur côté, les Lignards de Versailles n'ont à déplorer que 400 tués et autant de blessés.

Parallèlement, les survivants de la colonne III (la colonne IIIb), bien que privés de chefs d'envergure, sont rejoints par un autre millier de Moblots et, emmenés par d'anciens officiers réguliers passés au service de la Commune, sortent pour aller s'emparer des forts du secteur allemand. En effet, il apparaît à tous que ne pas s'être emparer des forts dès le mois de Mars était la pire des erreurs. Surgissant de la Porte de Charenton, cette petite force de frappe s'empare, au nez et à la barbe des Allemands qui ne savent pas comment réagir, des Forts de Vanves, Charenton et Vincennes. Averti, Bismarck donne carte blanche à son état-major pour occuper et réarmer les forts de l'est parisien, ce qui est fait dans l'heure lors d'un vaste mouvement tournant. A peine quatre mois après la fin du siège de Paris, les menaçantes bouches à feu estampillées Krupp sont de nouveau pointées sur la capitale française.

Otto von BISMARCK

A l'Hôtel de Ville de Paris, le Conseil de la Commune n'aborde même pas la question de la sortie. La seule allusion qui y est faite concerne le délégué Bergeret, qui est mis en accusation pour "lâcheté devant l'ennemi" et déchu de ses fonctions en attendant son procès le lendemain. Il est remplacé par le Général Gustave Paul CLUSERET (1823-1900). Cet aventurier de 48 ans jouit alors d'une certaine popularité chez les Parisiens, mais pas chez les militaires. Ce qui est étrange quand on sait qu'il a gagné ses décorations en participants à la répression du mouvement ouvrier de Juin 1848, sous les ordres du Général Thomas, fusillé le 18 Mars 1871 ! Il a été mercenaire au service du Royaume de Piémont-Sardaigne lors de l'unification de l'Italie en 1860, puis mercenaire au service des Etats-Unis d'Amérique durant la Guerre de Sécession (1861-1865), rejoint la Révolte Irlandaise de 1867 (ce qui lui vaut d'être condamné à mort par contumace par les Anglais), devient membre de la Première Internationale, prend la tête d'un régiment de mercenaires durant la Guerre de 1870, et tente vainement de faire triompher la Ligue du Midi fin 1870 et début 1871, avant de débarquer à Paris au mois de Mars 1871. Les militaires le tiennent pour un officier certes efficace... quand il est sous les ordres de quelqu'un d'autre ! Ils le soupçonnent de vouloir s'enrichir et de démarrer une carrière politique. Néanmoins, il apparaît comme un bon candidat au poste de Délégué à la Guerre en ces temps troublés, et il fait la promesse de reformer l'armée du peuple pour en faire une force efficace et organisée. Sa première mesure, non dénuée de bon sens, est de faire remonter les pièces d'artillerie sur les remparts, et d'en faire porter quelques-unes sur les forts conquis.

Gustave CLUSERET

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