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lundi 23 mai 2011

23 Mai 1871 : Semaine Sanglante

Le Comité de Salut Public placarde sur les murs de Paris un appel aux soldats Versaillais. Ces-derniers utilisent les affiches pour essuyer, dans des circonstances régulières, une certaine partie de leur anatomie que la décence m'interdit de nommer ici.


Versailles continue l'assaut au travers des barricades du XVIIIème Arrondissement, pour s'emparer symboliquement de la Butte Montmartre, et y installer une batterie d'artillerie. Maîtres du terrain, les Lignards purgent alors le quartier populaire, abattant au total près de deux-cents combattants et cent-cinquante civils pris au hasard, dont quarante-neuf sont conduits Rue des Rosiers, là où les généraux Lecomte et Thomas avaient été fusillés le 18 Mars 1871. Les quarante-neuf otages civils (dont trois femmes et quatre enfants) sont contraints à une humiliante scène de repentir avant d'être fusillés. Du fond de sa cellule, Monseigneur Darboy écrit une lettre au général Vinoy pour s'insurger contre ces pratiques. En effet, chaque quartier conquis par la Ligne est mis en coupe réglé et livré au saccage, malheur aux civils qui se trouvent là. C'est en ce jour du 23 Mai 1871 que l'on perd le compte exact des victimes tellement les exécutions sommaires perpétrées par Versailles sont nombreuses. Les Versaillais fondent ensuite sur le IXème Arrondissement de Paris et prennent à revers les bâtiments institutionnels qui sont évacués par les Communards.

Au sud de la Seine, les Lignards s'emparent du VIIème Arrondissement, abandonné sans combat car très cossu et hostile à la Commune, puis marchent sur le XIVème Arrondissement, qu'ils ne peuvent pas dépasser du fait d'une résistance acharnée à la Butte aux Cailles et aux accès au Vème Arrondissement (le Panthéon a été transformé en redoute par les Communards du capitaine Maxime LISBONNE [1839-1905]). La résistance est orchestrée par le général Walery WROBLEWSKI (1836-1908), encore un Polonais, qui remplace au pied-levé son compatriote Dombrowski tombé le matin dans le XVIIIème Arrondissement.


Mais l'évènement tragique de la journée vient dans la soirée. Le Conseil de la Commune se dissout du fait de l'approche imminente des troupes de Versailles. Mais un de ses derniers ordres est de mettre le feu au Palais des Tuileries dans le VIIème Arrondissement (symbole du pouvoir dictatorial du XIXème siècle), au Conseil d’État et au Palais de la Légion d'Honneur, ce qui est fait. Wroblewski ordonne quant à lui d'incendier certains blocs résidentiels du XIVème et du Xème Arrondissements de Paris pour ralentir l'avance ennemie. Les batteries versaillaises ne trouvent rien de mieux à faire que de riposter à boulet rouge, incendiant le XIème Arrondissement (bastion de la Commune) et une partie de l'Île Saint-Louis (vraisemblablement suite à une erreur de tir). Vers 20h, alors que le bâtiment n'est pas encore évacué par les Communards, la Cour des Comptes s'enflamme à son tour. La Commune n'a pas le temps de mener l'enquête mais soupçonne des agents impériaux bonapartistes d'avoir ainsi camouflé certaines malversations du régime, conclusion à laquelle parviendra également la commission d'enquête de la République en Juillet 1871. D'autres feux s'allument dans le dos des Versaillais, allumés par des "pétroleuses" anarchistes agissant sans ordres.






Le Palais des Tuileries, résidence des rois et des empereurs depuis 1789, ne sera jamais rebâti. L'Arc de Triomphe du Carrousel, que l'on aperçoit sur la dernière photographie en arrière-plan, subsiste encore de nos jours et trône au milieu... du Jardin des Tuileries.

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