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samedi 7 mai 2011

Interlude : Chants de la Commune

Eugène POTTIER (1816-1887), "Quand viendra-t-elle ?" (1870).




J'attends une belle,
Une belle enfant,

J'appelle, j'appelle,

J'en parle au passant.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?


J'appelle, j'appelle,

J'en parle au passant.

Que suis-je sans elle ?

Un agonisant.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?


Que suis-je sans elle?

Un agonisant.

Je vais sans semelle,

Sans rien sous la dent...

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?



Je vais sans semelle,

Sans rien sous la dent

Transi quand il gèle,

Sans gîte souvent.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?


Transi quand il gèle,

Sans gîte souvent,

J'ai dans la cervelle

Des mots et du vent...

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?


J'ai dans la cervelle

Des mots et du vent.

Bétail on m'attelle

Esclave on me vend.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?

Bétail, on m'attelle.

Esclave, on me vend.

La guerre est cruelle,

L'usurier pressant.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?

La guerre est cruelle,

L'usurier pressant.

L'un suce ma moelle,

L'autre boit mon sang.

Ah! je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor longtemps?


L'un suce ma moelle,

L'autre boit mon sang.

Ma misère est telle

Que j'en suis méchant.

Ah ! Je l'attends, je l'attends!

L'attendrai-je encor' longtemps ?
Ma misère est telle
Que j'en suis méchant.
Ah! viens donc, la belle
Guérir ton amant!
Ah ! Je l'attends, je l'attends!
L'attendrai-je encor' longtemps ?

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