Ils ont été mes infatigables compagnons de route depuis près de trois ans. Fidèles, solides, je pouvais compter sur eux à tout moment, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ils formaient mon jardin secret, le grand public et la foule de l'extérieur ignoraient jusqu'à leur existence. Toujours dans l'ombre, mais qu'aurais-je été sans eux, qu'un simple va-nu-pieds ? Ils ont toujours été là, pour me réchauffer, me réconforter, me soulager même après de dures et longues journées. Odile, qui a eu la chance et le privilège de les rencontrer, a su les apprécier à leur juste valeur.
Cependant, depuis quelques semaines, je les sens moins présents, moins efficaces. Ce que je prenais pour de la souplesse s'est transformé en rigidité, pour finir en rupture sur certains points. Et j'ose même parler de lâcheté ! Ils me disent qu'ils en ont marre, et leur colère déborde par tous les bouts. Certes, mais que vais-je devenir sans les prendre par la main pour y mettre de quoi me soutenir physiquement ? Et puis d'abord, je ne les ai jamais forcé ! Mais je sais, je suis peut-être égoïste...
Il est clair que notre relation s'arrêtera avant l'été. C'est dommage, mais c'est comme ça. Il n'est jamais bon d'essayer de sauver ce qui ne peut plus l'être. Je suis vraiment très triste à cette idée. Et, même s'ils le taisent par fierté, je le vois bien qu'eux aussi sont déchirés par le chagrin. Mais les faits sont là. La balle est dans leur camp, et la question fatidique est de savoir s'ils me suivront jusqu'à mon départ de Québec le 28 Mai prochain.
On parie ?
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