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mardi 3 avril 2012

2012 : 10èmes Élections présidentielles de la Vème République française. (1)

La grande course est lancée et il ne reste guère que trois petites semaines avant la première échéance. Pour rappel, il s'agit d'une élection à deux tours au suffrage universel direct. Le premier tour aura lieu le Dimanche 22 Avril 2012. Les candidats ayant obtenu le plus de suffrages s'affronteront lors du second tour le Dimanche 6 Mai 2012 après un ultime débat télévisé la veille. La campagne a officiellement commencé pour tout les candidats le Vendredi 16 Mars 2012, lorsque les parrainages nécessaire à l'officialisation des candidatures ont été déposés. Dorénavant, le temps de parole dans les médias pour chaque candidat est compté par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (C.S.A.), y compris les déclarations du président sortant, ce qui nécessite de faire le tri entre les discours inhérents à sa fonction et ceux qui rentrent dans le cadre de la campagne... et cela n'est pas toujours facile, donnant un sérieux avantage au président-candidat.


I La fonction.

La Vème République française est un régime présidentiel. Bien que le Président de la République ne dispose officiellement que du pouvoir exécutif (le pouvoir législatif étant aux mains de l'Assemblée nationale et du Sénat), ses prérogatives sont immenses. L'actuel président l'a démontré en abusant parfois de ce pouvoir (en s'exprimant notamment devant l'Assemblée nationale, ce que la séparation des pouvoirs inscrite dans la Constitution ne permet normalement pas) là où ses prédécesseurs se sont montrés plus discrets. Le Président de la République est également le Chef de l'Armée française et détient les clefs d'activation de l'armement nucléaire français.

Par ailleurs, les pouvoirs du président se sont trouvés renforcés par l'instauration en 2002 du Quinquennat, mandat présidentiel de cinq ans. Auparavant, le mandat présidentiel était de sept ans. Où est l'avantage ? Simplement, les élections présidentielles se tiennent un mois avant chaque élection législative, qui se tiennent également tous les cinq ans (l'Assemblée nationale ne peut pas être renversée car le principe de Responsabilité gouvernementale n'existe pas en France, seul le Président peut décider de dissoudre la Chambre avant les élections mais le dernier à s'y être essayé l'a amèrement regretté). Comme il peu probable qu'un Président de la République soit élu sans majorité au Parlement dans la foulée, cela réduit la démocratie nationale aux seules périodes d'élections, le reste n'étant que gouvernance. L'actuel locataire du Palais de l’Élysée nous l'a bien fait sentir, merci. Du temps du Septennat, le Président pouvait être sanctionné en perdant la majorité à l'Assemblée nationale, débouchant sur une Cohabitation entre un Président de la République d'un parti et un Premier Ministre (donc un Gouvernement) d'opposition. J'appelle de mes vœux une VIème République française avec plus de démocratie directe. Ou tout du moins une réforme qui réduit le mandat des députés à trois ans.

La Vème République française existe depuis 1958, lorsqu'une grave crise politique jeta à bas l'instable (trois gouvernements successifs en une semaine dans les pires moments) IVème République française et que le Général Charles de GAULLE (1890-1970), le héros de la Résistance française et de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), fut appelé pour mettre un peu d'ordre. Il créa donc un régime à son image. En cinquante-quatre ans d'existence, la Vème République française n'a connu que six Présidents de la République :
_le Général Charles de GAULLE, élu en 1959, réélu en 1965, il démissionne suite à son échec lors du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat de 1969. Le Parti gaulliste se veut avant tout républicain, mais se classe quand même à droite surtout vu les positions socialo-communistes de la Gauche de l'époque.
_Georges Jean-Raymond POMPIDOU (1911-1974), se veut l'héritier de son prédécesseur. Élu en 1969, il meut de maladie en poste en 1974.
_Valéry René Georges GISCARD d'Estaing "V.G.E." (1926- ). Élu de 1974 à 1981. Centre-droite. Il n'est pas réélu et en garde toujours une sérieuse rancœur. Sous son mandat, la France subit de plein fouet les chocs pétroliers qui mettent fin aux "Trente Glorieuses" (1945-1975), fin au plein emploi, fin aux budgets équilibrés, et amorcent le déclin de l'Hexagone, début des "Années Piteuses" (1975- ). Pas de sa faute, mais c'est comme ça.
_François Maurice Adrien Marie MITTERRAND (1916-1996), élu de 1981 à 1988, puis réélu de 1988 à 1995. Parti Socialiste, premier et pour l'instant unique Président de la République de gauche. Paradoxalement, c'est sous mandat que les Communistes perdent de l'influence et que la France commence à privatiser. Il faut dire qu'il doit faire face à un monde occidental pétrifié de peur à l'idée que la France se joigne au Bloc de l'Est communiste et doit de plus cohabiter dès 1986 avec la Droite, puis de nouveau en 1993.
_Jacques René CHIRAC (1932- ). Élu de 1995 à 2002, puis réélu de 2002 à 2007 avec le score écrasant de 82,2% des suffrages face à Jean-Marie Louis LE PEN (1928- ) du Front National (extrême-droite) qui avait dépassé de façon surprenante et inquiétante le Parti Socialiste (qui a mis longtemps à s'en remettre). Notons qu'en 1997, lors de son Septennat, CHIRAC avait dissout l'Assemblée nationale dans l'espoir que son parti, alors en majorité de Droite plurielle, disposerait de la majorité absolue. Le Parti Socialiste remporta les élections et disposa d'une majorité plurielle jusqu'en 2002.
_Nicolas SARKOZY. Élu de 2007 à 2012. On ne le présente plus. Très (voire trop) néo-libéral.

II Les enjeux.

Déjà, cela fait dix ans que la Gauche est absente de l'Assemblée nationale et dix-sept ans que le Président de la République est à droite. La Gauche s'est certes offert le luxe de remporter toutes les élections locales (municipales en 2008, régionales en 2010, cantonales en 2011, et dans les collectivités) et est parvenue à faire basculer, au suffrage indirect, le Sénat à gauche en 2011. Si elle l'emporte aux élections présidentielles (Avril-Mai 2012) et aux élections législatives (Juin 2012), tous les organes de la France seront à gauche, Gauche qui disposera alors d'une assise de pouvoir jamais observée dans l'Histoire de la République Française, du moins jusqu'au élections municipales de 2014 (traditionnellement première sanction d'un gouvernement). Si mon cœur de gauchiste (faut dire ce qui est ^^) s'en réjouit, mon cœur de démocrate saigne... République ! Qu'as-tu fait de la Démocratie ?!

Par ailleurs, il paraît que sévit en ce moment une crise financière internationale, crise financière provoquée par le Libéralisme tel qu'actuellement pratiqué et qui pourrait bien provoquer l'effondrement du système financier libéral et qui menace d'entraîner dans sa chute la Démocratie occidentale qui s'est par trop liée au Libéralisme dans le courant du dernier demi-siècle. L'Union européenne, plus belle création de ces années libérales, en est l'exemple même. Trop libérale, trop liée au système, cette belle alliance menace d'éclater, replongeant l'Europe dans ses vieilles divisions, ce qui finira par attirer l'ombre de la guerre qui s'était provisoirement éloignée du Vieux Continent. À quand une Europe sociale ? Pour l'instant, les peuples, irrités d'être exploités, se révoltent contre le système libéral, notamment en République hellénique de Grèce, en République d'Italie, au Royaume d'Espagne et en République du Portugal, pays mis au bord de la banqueroute par des financiers qui font peser tout leur poids sur les économies des travailleurs. Non vraiment, c'est mal engagé. Et la France n'en est pas loin. Et de ça, aucun candidat n'ose trop en parler ni proposer de mesures concrètes. Enfin si... l'extrême-droite (voir les articles suivants).

Une chose appréciable, ce contexte est parvenu à replacer le travailleur et l'ouvrier français (de souche ou immigré) au cœur de la campagne, grands absents de celle de 2007 qui était axée sur l'immigration et la sécurité.

III La campagne.

Tout citoyen français âgé de plus de vingt-et-un ans peut se présenter à l'élection présidentielle. Pour peu qu'il recueille avant le Vendredi 16 Mars 2012 cinq cents parrainages non-anonymes des Maires de France. Il y a trente-six mille communes en France, cinq cents apparaît comme un chiffre abordable. Mais comme les maires engagent leur nom dans la signature, s'ils permettent à un parti extrême de se présenter ou s'ils donnent leur voix à des candidats farfelus (il y en a) ou sans aucune chance, ils risquent de devoir rendre des comptes à leur Conseil municipal et à leurs administrés. Ce petit jeu a été fatal pour trois candidats d'une certaine envergure :
_l'ancien Ministre chiracquien Dominique François René GALOUZEAU de Villepin (1953- ), et son parti gaulliste républicain République Solidaire.
_l'ancienne ministre chiracquienne Corinne LEPAGE (1951- ), et son parti centriste écologiste Cap21.
_l'ancien ministre d'ouverture sarkozyste Hervé MORIN (1961- ), et son parti centriste Le Nouveau Centre.
Et toujours le Front National qui chiale jusqu'à la dernière semaine parce que, soi-disant, il ne parvient pas à réunir suffisamment de signatures et en appelle à un sursaut républicain démocratique, etc... Ils nous font le coup à chaque fois.

La campagne a été émaillée d'un fort incident. Les 11, 15, 19, 21 et 22 Mars 2012, un fou furieux, islamiste radical fanatisé, formé dans les camps d'entraînement clandestins pour terroristes en Afghanistan, a tué en pleine rue des militaires français (dont des musulmans) et des membres d'une école juive à Montauban et à Toulouse. Mohammed MERAH (1988-2012) a ensuite été cerné par les unités d'élite de la Gendarmerie française. Après un siège de trente-cinq heures destiné à le prendre vivant, le fanatique a été abattu après une intense fusillade lors d'un assaut sur son appartement toulousain. Les images que j'ai vues, les témoignages que j'ai lus, font pâlir de honte. Certes, une série meurtrière comme ça, ça faisait longtemps qu'on en avait pas vue en France. Mais les gens sont d'une simplicité d'esprit à faire peur. Une psychose s'est emparée des Toulousains, qui se sont crus, et là je cite, dans une série télévisée. Dur d'être rattrapé par la réalité, n'est-ce pas ? Nous connaissons la paix depuis trop longtemps, nous avons oublié à quel point notre vie, et non notre confort, est précieuse. Et que la guerre approche. Réveil douloureux. Pour en revenir à l'assaut, je reste persuadé que les Gendarmes avaient les moyens de prendre MERAH vivant... s'ils l'avaient vraiment voulu. Je passerai sur l'indélicatesse de la classe dirigeante de souligner de façon méprisante l'origine algérienne de Mohammed MERAH au lendemain du délicat cinquantenaire des Accords d'Evian et de la fin de la Guerre d'Algérie (1954-1962)...
D'autre part, campagne présidentielle oblige, l'affaire a pris une importance médiatique et politique qu'elle n'aurais jamais dû avoir. Les terroristes veulent que l'on parle d'eux, c'est le meilleur moyen de répandre la peur, peur qui est leur meilleure arme. À la terreur il faut répondre par le silence. À la violence, il faut répondre par la fermeté. Point. La récupération politique de l'affaire affaiblit la France. C'est mon avis, il n'engage que moi.

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