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vendredi 13 avril 2012

Avril 1912 - Avril 2012 : Il y a cent ans... le R.M.S. Titanic. 7°) Les passagers de Première Classe.

C'est toute la haute société du début du XXème siècle et des deux bords de l'Océan Atlantique qui se retrouve à bord du Titanic, certains ayant même retardé leur départ d'Europe pour pouvoir effectuer la traversée inaugurale du plus grand et du plus luxueux paquebot du monde. Quand je dis la haute-société, ça va des hommes d'affaires plus ou moins multimillionnaires à gens aisés de la haute-bourgeoisie.

Vous avez déjà pu faire connaissance avec William Ernest CARTER (1875-1940), heureux propriétaire d'une Renault 1912 voyageant dans les cales du Titanic. Vous avez pu également apercevoir la famille SPEDDEN jouant sur le Pont A.

De par la position sociale des passagers de Première Classe, l'Histoire a retenu le nom, le destin et souvent même les visages de chacun, ce que je ne peux pas couvrir sur ce blog. J'en resterai donc aux passagers les plus connus et à ceux qui ont eu un destin particulier.

En Première Classe, il y avait en tout 325 passagers (175 hommes, 144 femmes et 6 enfants).

Pour commencer, les deux principaux concepteurs du navire étaient à bord. Joseph Bruce ISMAY (1862-1937), président de la White Star Line en personne. Il voyage gratuitement dans la suite multimillionnaire B-52/54/56, dont les deux premiers locataires se sont désistés. Il n'est à bord que pour vanter les mérites de la compagnie et du navire. S'il a beaucoup fréquenté le capitaine durant la traversée, il n'a jamais mis les pieds dans la passerelle et n'a jamais influé sur aucune décision, pour la simple raison qu'il ne connaissait rien à la navigation. En revanche, il a bien demandé des essais de vitesse, approuvés par ANDREWS, pour la journée du 15 Avril, certainement pas en pleine nuit. Il ne fut pas l'arrogant inconscient que l'Histoire a dépeint.
L'architecte naval Thomas ANDREWS (1873-1912) est aussi du voyage, comme pour chaque traversée inaugurale de ses créations. Il en profite pour prendre en note l'avis des passagers, visiter le navire, voir comment il se comporte et ce qui pourrait être améliorer sur le navire suivant, en l'occurrence le Gigantic en construction. Mais lui, il paye son billet.


Quelques militaires et hommes d'affaires influents sont à bord.
Le major américain Archibald Willingham BUTT (1865-1912), attaché militaire à la Maison blanche, parti se reposer six semaines en Europe sur les conseils de son ami Francis David MILLET (également à bord) pour s'éloigner de la campagne électorale qui oppose deux de ses amis. Il revient à bord du Titanic.
Le colonel américain Archibald GRACIE IV (1859-1912), de retour d'un voyage en solitaire en Europe, il va retrouver son épouse.
Le colonel américain et homme d'affaires John Jacob ASTOR IV (1864-1912), à la fortune colossale, qui a récemment divorcé (en 1909) pour épouser (en 1911) une jeune femme de 17 ans, Madeleine Talmage FORCE qu'il s'est empressé de mettre enceinte. Pour échapper aux ragots et aux rumeurs, ils sont partis quelques mois en Europe et en reviennent.
Le major canadien Arthur Godfrey PEUCHEN (1859-1929), homme d'affaires montréalais, yachtman confirmé qui a déjà traversé l'Atlantique plusieurs fois à bord de son propre bateau. Il voyage en compagnie de son ami le célèbre banquier montréalais Harry Markland MOLSON (1856-1912), amateur comme lui de navigation et directeur/fondateur de la Société Protectrice Canadienne des Animaux (SPCA). À noter que PEUCHEN a convaincu son ami MOLSON de retarder son voyage de retour en Amérique de près de trois semaines pour effectuer la prestigieuse traversée inaugurale du Titanic.
 



Se trouve aussi à bord le magnat du cuivre, héritier de l'empire de son père, l'un des hommes les plus riches de la planète, Benjamin GUGGENHEIM (1865-1912), qui voyage seul bien qu'étant marié. Très bel homme, sa réputation de séducteur n'est plus à faire.


Du voyage aussi le propriétaire de la chaîne de magasins Macy's, Isidor STRAUS (1845-1912) et son épouse Rosalie Ida BLUN-STRAUS (1849-1912).
L'homme d'affaires George Dunton WIDENER (1861-1912), qui voyage en compagnie de son épouse Eleanor ELKINS et de leur fils aîné Harry ELKINS-WIDENER (1885-1912).
Deux magnats du chemin de fer nord-américain sont sur le Titanic.
Charles Melville HAYS (1856-1912), directeur général de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc du Canada, et son épouse. Il doit inaugurer le Château Laurier à Ottawa.
John Borland THAYER Junior (1862-1912), vice-président de la Pennsylvania Railroad, qui voyage avec son épouse Marian Longstreth MORRIS et leur jeune fils de 17 ans John Borland "Jack" THAYER III Junior (1894-1945).
Pour terminer sur cette photographie, j'ai ajouté la famille ALLISON, pour la simple  raison que s'il y a une famille de Première Classe qui a connu un destin tragique sur le Titanic, c'est celle-là ! Hudson Joshua Creighton ALLISON (1881-1912) mène une carrière florissante dans le secteur bancaire à Toronto. Il voyage avec son épouse Bessie "Bess" Waldo DANIELS-ALLISON (1886-1912), de leur femme de chambre Sarah "Sallie" DANIELS et de leurs enfants Loraine ALLISON (1909-1912) et Trevor ALLISON (1911-1929), gardés par la gouvernante récemment engagée Alice Catherine CLEAVER (1889-1984), que l'on voit sur la photo.


Des femmes de caractère étaient sur le paquebot. Toutes deux étaient féministes et activistes.
Helen Churchill CANDEE (1858-1949), décoratrice et écrivaine américaine. Elle fut beaucoup en compagnie de l'écrivain Jacques FUTRELLE durant la traversée...
Margaret Tobin "Molly" BROWN (1867-1932). Sans fortune, elle est devenue riche en même temps que son mari James BROWN suite à la découverte d'or au Colorado (États-Unis d'Amérique). Même en entrant dans la haute-société, elle garda son franc-parler, ses expressions et surtout n'oublia jamais d'où elle venait. Elle ne manquait jamais de défendre les démunis et était redoutable dans les débats à table en Première Classe. Elle n'était pas très bien vue mais elle était très riche, ce qui compensait et faisait qu'on la supportait à sa table. Elle était appréciée de l'équipage car elle décrassait sévèrement sa classe !


Des sportifs rentraient également en Amérique. Deux tennismen !
Richard Norris WILLIAMS (1891-1968), vainqueur de l'US Open 1912 en double mixte et rentrant d'un tournoi en Europe.
Karl Howell BEHR (1885-1949), avocat de formation qui se trouve sur le Titanic car il se livre depuis près d'un an à un jeu de séduction auprès d'une jeune fille, Helen NEWSON, dont la famille refuse obstinément qu'elle l'épouse. Aussi depuis 1911 s'invente-t-il des prétextes pour suivre la famille NEWSON, selon la bonne vieille méthode dite du "Tiens ? Vous aussi vous allez là ? Quelle coïncidence !". La famille NEWSON s'étant rendue à Paris pour affaire, le voilà qui la suit pour aller disputer un tournoi de seconde zone en hiver à Paris. Ils retournent aux États-Unis sur le Titanic, lui aussi !
Cela étant, les deux tennismen se connaissent et sont amis mais n'allez pas imaginer un mauvais téléroman ou une situation vaudevillesque, WILLIAMS n'a jamais approché Helen, qui a fini par épouser BEHR en 1913.


Citons quelques artistes.
Rien de moins que le peintre Francis David MILLET (1846-1912), qui accompagne son ami le major BUTT et dont les toiles se vendent à prix d'or autant en 1912 qu'aujourd'hui.
Le journaliste et écrivain pacifiste William Thomas STEAD (1849-1912). Invité à New-York pour une conférence sur la paix dans le monde, un peu mystique sur les bords, sa compagnie est néanmoins appréciée car c'est un grand conteur. Il fait partie de ces passagers qui n'acceptent de voyager qu'avec le commandant SMITH, dont il est devenu un ami. Ironie, il avait écrit en 1886 une nouvelle qui s'intitulait "Comment le Paquebot postal sombra au milieu de l'Atlantique, par un survivant" et qui racontait le naufrage (causé par un iceberg) désastreux, meurtrier mais fictif du R.M.S. Majestic de la White Star Line, commandé par SMITH, qui transporte 916 passagers alors qu'il n'y a que 390 places dans les canots de sauvetage... De là à dire qu'il a eu une prémonition... Il militait également auprès des compagnies pour qu'elles emportent un nombre adéquat de canots.


Pour en terminer avec les artistes et cette brève revue des passagers de Première Classe, nommons l'écrivain américain Jacques FUTRELLE (1875-1912). Dans la journée du Mercredi 10 Avril 1912, il discute sur le Pont supérieur avec le photographe Francis BROWNE qui l'immortalise devant le gymnase. Voilà donc l'aspect extérieur du gymnase et du Pont supérieur du Titanic, doublé du dernier cliché que l'on a de Jacques FUTRELLE en vie.

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