La
Seconde Classe du Titanic a ébloui les passagers par le luxe et le
confort qu'elle offrait, comparable à celui d'un hôtel de luxe. Les
passagers sont certes moins connus que ceux de la Première Classe,
néanmoins quelques-uns se distinguent. Il y avait 285 passagers de Seconde Classe sur le Titanic : 168 hommes, 93 femmes et 24 enfants.
À
noter que la Seconde Classe partage le barbier, le Café parisien, le
Restaurant à la Carte, les cuisines et le gymnase avec la Première
Classe, ils ont même un créneau horaire pour la piscine. Les passagers de ces deux classes pouvaient donc aisément se
mêler. Ne serait-ce que parce que certains des passagers de Seconde
Classe étaient du personnel de compagnie de certains passagers de
Première Classe, où encore des employés de l'entreprise d'un grand
patron de Première Classe, la croisière étant un moyen de discuter dans
un autre contexte et de se faire bien voir. Les passagers de Seconde
Classe sont souvent membres de la moyenne et petite bourgeoisie,
tiennent parfois boutique à leur compte et peuvent avoir pour client
régulier des gens de la haute société. La perméabilité entre les deux
classes était donc souhaitée mais uniquement pendant la journée et sur
les ponts ou lieux communs. Aucun passager de Seconde Classe ne fut
admis dans les suites de luxe et encore moins dans la salle à manger ou
au fumoir.. Sa présence aurait par ailleurs été remarquée, tout le monde
se connaissant dans la haute société, un inconnu aurait attiré
l'attention. Cliquez sur le plan pour agrandir.
La
Seconde Classe aussi dispose de son Grand Escalier avec ascenseurs.
Richement décoré, il s'étend du Pont B au Pont F. L'ascenseur est
actionné par six jeunes garçons d'ascenseur âgés de 12 à 16 ans qui se
relaient.
Les
hommes de Seconde Classe peuvent aller le soir dans un grand fumoir
(photographie) à l'arrière du Pont B, moins luxueux que celui de
Première Classe mais très apprécié, où des jeux de dames, de domino,
d'échecs et de cartes sont à disposition. Au Pont C, juste sous le
fumoir se trouve une bibliothèque qui sert aussi de salon, où les dames
passent généralement la soirée quand leurs époux sont au fumoir. Ce lieu
fut, paraît-il, très fréquenté durant la traversée.
La
cuisine est commune à la Première et à la Seconde Classe, même si les
menus de Seconde Classe sont plus simples. La salle à manger est située
au Pont D. Assez richement décorée, les chaises ne sont néanmoins pas
déplaçables. Elles sont tournantes et vissées au sol.
Les
cabines valent des chambres d'hôtel. Elles sont situées à l'avant et à
l'arrière, entre les Ponts D et F. Moins spacieuses que celles de
Première Classe, elles sont néanmoins assez grandes et disposent d'un
meuble permettant de faire ses ablutions matinales. Comme en Première
Classe, chaque pont est équipé d'une salle de bain commune et d'un
cabinet de toilette. Le prix d'une cabine est de 13£ de 1912 (650£ d'aujourd'hui, quelque chose comme 700€, 750$).
À
l'arrière du Pont B, les passagers peuvent circuler en intérieur et en
extérieur, et sont tolérés sur le Pont supérieur où ils peuvent se mêler
à la Première Classe et accéder au gymnase.
Citons quelques passagers.
Je
vous ai déjà parlé de Lawrence BEESLEY (1877-1967), enseignant et
écrivain photographié dans le gymnase sur un vélo d'appartement.
Eva
Miriam HART (1905-1996), âgée de sept ans à l'époque, future chanteuse
et membre du Parti Conservateur britannique, qui voyage alors avec un
grand ours en peluche avec qui le commandant SMITH, bonhomme
sympathique, eut une grande discussion au hasard d'une coursive. Il fit
également l'honneur de discuter avec Eva.
Un
cas particulier. Michel NAVRATIL (1880-1912), qui voyage avec ses
enfants Michel Marcel "Lolo" NAVRATIL (1908-2001) et Edmond Roger "Momo"
NAVRATIL (1910-1953). Il les a enlevés à leur mère Marcelle CARETTO,
dont il s'était séparée après qu'elle l'ait trompé, qui avait le droit
de garde. Tailleur à Marseille, ayant fait faillite, il avait décidé de
refaire sa vie en Amérique avec ses enfants. Un ami lui avait alors
prêté son passeport pour qu'il puisse voyager incognito. C'est ainsi que
sur le Titanic Michel NAVRATIL était connu sous le nom de Louis Michel
HOFFMAN. Craignant d'être arrêté par le police pour l'enlèvement de ses
enfants, il traverse la Manche et embarque à Southampton. Très inquiet
durant toute la traversée, il ne se séparait jamais de son revolver
(chargé) qu'il gardait toujours en poche et qu'on retrouva sur son
cadavre après le naufrage. On pense également que sa "couverture" était
compromise, deux clients réguliers de sa boutique étant aussi à bord.
Enfin,
nommons les trois seuls passagers noirs du paquebot. Joseph Philippe
LEMERCIER-LAROCHE (1886-1912), ingénieur, son épouse blanche Juliette
LAFARGUE, et leurs deux filles métis Simonne Marie Anne Andrée LAROCHE
(née en 1909) et Louise LAROCHE (1910-1998). Bien qu'étant une famille
aisée avec un père ingénieur et lié à la haute politique de la
République de Haïti, ils sont rejeté par la société française alors très
coloniale et raciale. Ils retournent donc en Haïti.
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