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mercredi 11 avril 2012

Avril 1912 - Avril 2012 : Il y a cent ans... le R.M.S. Titanic. 5°) L'équipage.

Après avoir présenté les principaux officiers commandant le Titanic, place à l'équipage et à ses quartiers. Rappelons qu'il y avait au total 889 officiers, marins, machinistes et membres du personnel de la White Star Line à bord du paquebot en 1912. L'Histoire ne s'est évidemment pas donné la peine de retenir tous leurs destins, ni même leurs visages, aussi ne m'attarderai-je que sur les plus connus ou ceux qui ont eu un rôle particulier.

Restons d'abord dans les marins et les matelots qualifiés. Au final, ils sont relativement peu nombreux, un peu plus d'une trentaine en comptant les officiers.

Le premier, celui que l'Histoire retiendra comme le barreur malheureux doublé d'un lâche et méchant : Robert HICHENS (1882-1940). Quartier-maître à bord du R.M.S. Titanic après avoir été marin-pêcheur puis matelot qualifié dans divers pays du monde. Il joua un double rôle lors du naufrage, dont l'un lui fut beaucoup plus reproché que l'autre. Il y avait six autres quartier-maîtres à bord du navire.


Bien évidemment, parmi les matelots qualifiés, on compte aussi les veilleurs, tenus de se relayer dans le nid de pie du mât avant. Au nombre de six se relayant par équipes de deux toutes les deux heures. L'Histoire n'a retenu que les deux qui étaient de veille au moment funeste. Frederick FLEEET (1887-1965), à gauche, et Reginald Robertson LEE (1870-1913), à droite.


Il y a également deux télégraphistes, employés par la société de communications Marconi et loués à la White Star Line. La Télégraphie Sans Fil (T.S.F.) avait fait son apparition en 1899 et s'était démocratisée sur tous les continents, et commençait alors peu à peu à faire son apparition sur les navires, qui se servaient les uns les autres d'antennes-relais. Les deux opérateurs radio du Titanic étaient John George "Jack" PHILLIPS (1887-1912), à gauche, et Harold Sydney BRIDE (1890-1956), à droite. La photographie du dessous est bel et bien prise dans le poste de communication du Titanic, Harold BRIDE affairé. Remarquez la complexité du télégraphe électrique pour l'époque... et le transmetteur d'ordres vocal (l'espèce de tube en trompette sur le mur à droite). Nous devons cet instantané à Francis "Franck" BROWNE (1880-1960), photographe irlandais embarqué à Southampton et débarqué à Queenstown. C'est à lui aussi que nous devons la dernière photo du navire à flot et bien d'autres clichés de la vie à bord durant le premier jour de la traversée.



Les machinistes. Les membres d'équipage les plus nombreux. C'est tout juste si l'Histoire a retenu le nom du chef-mécanicien venu informer la passerelle que le navire faisait eau, alors les visages... Des centaines de "gueules noires" travaillaient dans les chaufferies et les moteurs du paquebot, lieux où la température frisait parfois les 60°C. À compter également quelques électriciens. Centaines d'anonymes dont beaucoup périrent, ouvriers sacrifiés sur l'autel du progrès, fils de leur époque, une époque où l'on ne s'attardait pas aux charbonniers. Citons-en tout de même un qui a inspiré le personnage de Jack DAWSON à James CAMERON. En effet, un des chauffeurs-mécaniciens s'appelait Joseph DAWSON.

Les personnels aux chambres. Un peu plus de cent-cinquante. Garçons de cabine, femmes de chambres, hôtesses, etc... Tout pour rendre la vie plus agréable aux passagers. La plus célèbre d'entre elle, Violet Constance JESSOP (1887-1971), fut surtout connue puisque, de service sur l'Olympic en 1911, elle assista à la collision de son navire avec un croiseur britannique, puis survécut au naufrage du Titanic avant d'être transférée en tant qu'infirmière (voir photo) en 1915 sur le Britannic (Gigantic renommé et transformé en navire hôpital)... et de survivre également au torpillage de celui-ci en 1916. Qui a dit "porte-poisse" ?


N'oublions pas tout ceux qui s'affairent aux cuisines, tant en Troisième Classe que dans les restaurants supérieurs. L'Histoire n'a guère retenu que le visage et l'histoire du chef-boulanger, Charles JOUGHIN (1878-1956), sur la photographie ci-dessous, dont le goût un peu trop prononcé pour le Whisky lui a vraisemblablement sauvé la vie. Le chef cuistot du paquebot était Charles PROCTOR (1871-1912), dont on n'a aucune photographie et qui périt dans le naufrage.


Citons pour terminer l'orchestre de la White Star Line affecté au Titanic.
_En haut au centre : Wallace Henry HARTLEY (1878-1912), chef d'orchestre et violoniste.
_En haut à droit : Roger Marie Joseph Léon BRICOUX (1891-1912), violoncelliste français.
_Au centre à gauche : William Theodore "Theo" BRAILEY (1887-1912), pianiste, violoniste... et aviateur !
_Au centre à droite : John Wesley "Wes" WOODWARD (1879-1912), violoncelliste. Las des voyages, il compte ne pas renouveler son contrat à la fin de l'année 1912, songeant à s'établir à Londres pour devenir professeur dans une école de musique.
_En bas à droite : John Law "Jock" HUME (1890-1912), violoniste.
_En haut à gauche : George Alexandre KRINS (1889-1912), violoniste belge désireux d'embrasser une carrière militaire mais tourné vers les arts et la marine marchande par ses parents, jugeant cette voie moins risquée...
_Au centre au centre : Percy Cornelius TAYLOR (1872-1912), pianiste et violoncelliste, embarqué volontairement sur le Titanic pour refaire sa vie à New-York suite à un mariage malheureux, engagé dans l'orchestre deux jours avant le voyage.
_En bas à gauche : John Frederick Preston "Fred" CLARKE (1883-1912), contrebassiste. Engagé lui aussi volontairement sur le Titanic pour aller gérer l'héritage de feu son père récemment décédé à New-York.


Si les musiciens et quelques membres du personnel de chambre sont logés en Seconde Classe près des cabines (ils mangeaient aux cuisines quand ils le pouvaient), le reste de l'équipage est logé dans les quartiers de l'équipage à l'avant, où ils disposent de leur propre restaurant néanmoins desservi par les cuisines de Troisième Classe. Les chauffeurs et les machinistes sont logés non loin des chaudières, à l'entrepont, près des cales de fret et du compartiment postal. À noter que dans les cales du Titanic se trouvait une automobile, fait rare à l'époque tant ces engins étaient précieux pour être transportés par bateau. Il s'agissait d'une Renault 1912, appartenant au passager de Première Classe William Ernest CARTER (1875-1940). Les officiers supérieurs logeaient quant à eux juste derrière la passerelle de commandement (sur la photographie, c'est celle du R.M.S. Olympic mais elle est en tous points identique à celle du R.M.S. Titanic, les deux navires étant jumeaux et ne différant pas sur les superstructures externes). Les deux télégraphistes dormaient dans une cabine attenante au poste de communication... et à la première cheminée, on ne peut pas tout avoir ! Ils se restauraient sur place ou étaient invités (par deux fois !) à la table du commandant en Première Classe. Pour le plan, cliquer pour voir en plus grand.

 


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