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mardi 8 mars 2011

Vendredi 31 Décembre 2010, réveillon du Nouvel An

Il faut vous dire que début Décembre 2010, j'avais fait la demande au Bureau de la Vie Étudiante pour être jumelé avec une famille québécoise, histoire de passer le réveillon "en famille". N'ayant pas eu de nouvelle pendant deux semaines, je n'y pensais plus jusqu'à deux jours avant l'arrivée de Papa, où mon jumelage fut confirmé.
 
Retransportons-nous en ce sinistre Vendredi 31 Décembre 2010, sinistre par sa météo. Le beau temps enneigé fait soudainement place à une pluie verglaçante qui nettoie malproprement la neige, transformant chemins, routes et champs en bourbiers d'abord, puis presque immédiatement en patinoire. Le paysage retire son manteau blanc pour laisser la place à la grisaille, et c'est sous ce temps morose que, après une dernière matinée aux centres commerciaux, Papa rejoint l'Aéroport Jean LESAGE de Québec pour rentrer en France, tandis que je me fais beau en vue de la soirée.
 
Ne voyant pas passer l'heure, je presse mes préparatifs pour être à 17h au rendez-vous sur le stationnement. A 16h59, je sors d'un pas rapide du Pavillon Alphonse-Marie PARENT et parcours une bonne dizaine de mètres plus vite que mon équilibre ne l'avait prévu. Je ne reste debout qu'après une cabriole digne d'un patineur artistique et en sacrifiant temporairement et sans remord mon sac à dos que je tenais en main, et qui ne contenait que mes chaussures sèches pour la soirée, et des caramels de France en guise de cadeau. Rien de cassable heureusement. Maudit verglas ! C'est à petits pas que je rejoins la voiture de Simon, le fils étudiant de la famille qui m'accueille (que je ne nommerai pas ici par respect de la vie privée, pas plus que je ne publierai les photos car je n'en ai pas l'autorisation ni l'envie de la demander), et des trois autres étudiants étrangers qui participent à la petite fête : Mehdi et son épouse (iraniens), et un chinois. Veuillez m'excuser, mais du fait de la grande diversité des cultures de mes connaissances au Québec et du temps écoulé, les noms m'échappent (ainsi d'ailleurs que les orthographes). Les premières discussions s'engagent en anglais tandis que nous traversons le fleuve Saint-Laurent via le Pont Pierre LAPORTE (1921-1970, en hommage au ministre québécois assassiné pendant la Crise d'Octobre 1970) pour atteindre Lévis. C'est donc la première fois, quelle émotion, que je pose le pied sur la rive sud du Saint-Laurent. Enfin, que je pose le pied...
 
Une fois le véhicule garé, nous descendons... et... c'est un véritable miracle que personne ne se soit étalé. Simon ne parvient à immobiliser son char qu'après avoir tourné les roues en direction d'une congère, tandis que les huit mètres qui sépare le garage de la maison font figure de parcours du combattant. Et c'est avec un soulagement non feint que mes nouveaux amis offrent leurs bouteilles de vin intactes. D'où l'avantage des caramels ! Le père et la mère de Simon, Madeleine, nous accueillent à bras ouverts. La maitresse de maison nous présente sa sœur et Maxime, le jeune frère de Simon. Alors que des dialogues se nouent, il apparaît que je suis presque le benjamin de l'assemblée, ne battant Maxime que de quelques mois. La famille est mélomane, Mehdi aussi, et c'est sur des airs de musique iranienne diffusés par un ordinateur portable que tout le monde s'attable.
 
En plus d'être une linguiste et une polyglotte accomplie, Madeleine est un véritable cordon bleu (et c'est un euphémisme). Rassurez-vous Papa, Maman, Papy, Mamie, Roger, Janine, vos efforts n'ont pas été vains et vous n'avez totalement raté mon éducation. De fait, c'est en parfait gentilhomme français sachant se tenir en bonne société que je fais honneur à tous les plats (y compris à l'entrée aux crevettes, vous allez voir mais asseyez-vous), mets mes coudes où il faut, plie ma salade avec ma fourchette, et utilise les couverts dans le bon ordre (de "l'extérieur" à "l'intérieur" pour ceux qui ne savent pas). L'entrée se compose d'une salade de crevettes, de cœurs de palmiers et d'olives (je vous avais bien dit de vous asseoir), s'ensuivent un potage exquis, un plat de viande sublimement délicieux, et enfin un excellent gâteau chaud au chocolat. Le tout accompagné d'un petit mousseux en guise d'apéritif, et d'un bon vin rouge. Avec modération, vous me connaissez ^^.
 
Les sujets à table ? Ah ! Vaste sujet ! Notre ami de l'Empire du Milieu nous parle avec enthousiasme de la politique économique conquérante de la République Populaire de Chine, ainsi que des élections démocratiques unipartites à un tour. Mehdi et son épouse sont originaires de la belle, mystérieuse et antique ville d'Ispahan, fuient le régime de terreur de Mahmoud AHMADINEJAD (1956- ), Président conservateur de la République Islamique d'Iran depuis 2005. Comme quoi, on ne peut juger d'une dictature que de l'intérieur. Le conservatisme religieux a dégouté les iraniens de l'Islam, les musiques sont interdites en public, sauf la musique traditionnelle les jours de fêtes, car dangereuses pour la Révolution Islamique (comprenez la dictature car la musique passionne les foules, c'est connu), les deux sexes n'ont guère le droit de communiquer, et j'en passe. En tout cas, rassurez-vous, Ahmadinejad a bien l'intention de fabriquer un armement nucléaire. Quand vient mon tour, je parle un peu et en termes peu élogieux de... du... enfin de l'autre quoi, et en termes non moins amicaux de mes compatriotes, termes que je ne répéterai pas ici de peur de me fâcher avec mon lectorat métropolitain. En bref, j'aimerais bien rester au Québec... Sinon, nous parlons géographie (avec un globe terrestre rapproché de la table pour l'occasion), langues et appauvrissements du langage, accents divers (j'ai rencontré un franc succès lors d'une imitation des accents provençaux), mathématiques, histoire, statistiques, bref : de choses et autres. 
 
Retour au salon pour écouter Mehdi à la guitare nous transporter au milieu des sables de Perse, puis Maxime nous ramener à la réalité avec son saxophone. Je suis médisant, il n'en avait pas fait depuis plusieurs mois, du fait d'un emploi du temps chargé. Puis, nous avons regardé les photos des divers voyages de la famille, en particulier en France, en continuant de discuter. Nous avons raté minuit de quatre secondes et avons trinqué quand même ! Les feux d'artifices nous ont un instant tentés d'aller dehors, mais c'eut été dangereux. Paraît-il que la fête valait le coup dans le Vieux Québec. J'y serais probablement allé si j'avais été seul, mais finalement cette soirée s'est révélée bien sympathique, comme je les aime : discussions, humour, souper excellent, tranquille. Et c'est heureux que je regagnais mes pénates vers deux heures du matin.

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