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lundi 7 mars 2011

Mercredi 25 Août 2010, départ pour l'aventure.



"Je vole" (1978), de Michel SARDOU (1947- ) et de Pierre BILLON (1946-).

Il est cinq heures du matin. Dans ma chambre, ma brave chaîne hi-fi triple-CD, qui m'a tant de fois réveillé en presque dix ans de présence sur la vieille commode blanche, se met en branle bruyamment et diffuse pour la dernière fois en volume 9 la musique vieillotte mais appréciable de Nostalgie. Tout en m'extirpant de mon sac de couchage qui me sert de lit depuis une semaine, je jette un dernier regard sur cette chambre qui m'a vu grandir, m'épanouir, évoluer. Je l'aime... mais je la quitte. Rêveur, je contemple cet antique bureau authentifié fin eighties, où mes volumineux classeurs de lycée s'entassent encore, faute de temps pour les ranger. Cet antique meuble pour ordinateur, reconverti en bibliothèque/videoludothèque/vitrine-à-figurines/bordel-organisé, est désormais désespérément vide. J'ai passé les dernières semaines à classer et ranger mes livres dans des cartons soigneusement étiquetés, car qui sait quand je les rouvrirai ? Puis je descend les escaliers, passant devant l'armoire à maquettes, fais attention à la deuxième marche en partant du haut (traîtresse de longue date). Après des adieux poignants avec mon chat, qui semble attristé de me voir partir si longtemps (C'est vrai quoi ! Un de moins pour lui donner à manger...), mes parents et moi-même chargeons la voiture et partons pour Paris. Un dernier coup d'œil vers la maison de mon enfance, de ma jeunesse, de mes années-bonheur, où je ne reviendrai probablement jamais. :(
C'est là qu'il faut s'imaginer un orchestre symphonique tout plein de violons qui dégoulinent, et des pleureuses qui ruissellent tandis que ma silhouette voûtée, découpée en ombre chinoise par la clarté nocturne extérieure dans l'encadrement de la porte d'entrée, referme la-dite porte dans un sinistre grincement et un noir final.

Nous voici donc arrivé quatre petites heures plus tard à l'aéroport international de Paris-Orly. Dernières photos, derniers adieux, derniers appels téléphoniques, enregistrement de mes volumineux bagages (merci les réductions étudiantes chez CorsairFly), puis je me dirige vers la salle d'embarquement et monte dans ce cercueil volant qu'on appelle Airbus A-320. Il est 11h55 quand, prenant de la vitesse, l'appareil s'incline et quitte le sol de la mère-patrie pour gagner les cieux azurées. Nous traversons les nuées et semblons, tel Icare en d'autres temps, nous rapprocher du Soleil quand enfin l'avion se stabilise après un dernier virage pour permettre aux passagers de contempler Paris (et accessoirement de mettre le cap à l'ouest). Sept heures plus tard, Iron Man 2 a sauvé les Etats-Unis-d'Amérique, les plateaux-repas m'ont fait regretter le réfectoire du centre de vacances de cet été et Wal-E a permis de repeupler la Terre. Mais surtout, les eaux boueuses du fleuve Saint-Laurent s'écoulent sous le hublot. Atterrissage à 12h45, en fait ce n'est pas si loin le Québec... Après une heure de queue pour atteindre le premier poste de douane, une heure d'attente (rythmée par les faux espoirs et l'inquiétude au vu de l'état de certains bagages) à côté du tapis-roulant, une heure encore avant d'approcher le Service d'Immigration et une demi-heure de mieux le temps d'imprimer mon permis d'étude, je sors enfin de l'aéroport internationale de Québec-Sainte-Foy, régularisé, fatigué et soulagé mais quelque peu inquiet, seul face à l'inconnu.
Chance (enfin !) ! La navette au service de l'Université Laval est là. Je m'y précipite, charge mes bagages, et offre gracieusement mon aide à une demoiselle (compatriote de surcroît) en détresse. Je défait donc la sangle enserrant ma vieille mais robuste valise (prêtée par mes grands-parents) et empaquette celle de cette malheureuse jeune fille, neuve mais en miettes.

Et nous arrivons à l'Université. Encore une petite heure d'attente (au point où j'en suis...) pour m'inscrire au service des résidences, où l'on m'offre une chambre au neuvième étage. Me voilà donc sans armes (c'est interdit) mais bagages dans l'ascenseur qui me propulse au-dit neuvième étage, où l'on ne parle guère qu'arabe et divers dialectes africains. Je prend immédiatement possession de mon petit une-pièce de douze mètres au carré, et constate, dubitatif, que mon drap-housse est trop petit pour le matelas et que l'armoire est dépourvue de cintres (au grand désespoir de mes chemises), tandis que Manon descend d'un étage pour me rapporter ma sangle. Il est alors dix-neuf heures quand, déclinant l'invitation de ma charmante compatriote (c'est dire si j'étais fatigué), je me prive de dîner et m'écroule comme une masse, épuisé (les journées de trente heures, il ne faut pas en abuser) mais heureux, et bien déterminé à disserter longuement avec mon oreiller sur la meilleure façon d'effacer les six heures de décalage horaire jouant en défaveur de mon précieux sommeil.

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