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lundi 7 mars 2011

Samedi 2 Octobre 2010, Virée des Couleurs au Mont Sainte-Anne

Une semaine... Il a plu sans discontinuer pendant une semaine, forçant les étudiants à se munir d'un solide parapluie ou à utiliser les tortueux souterrains. A cause de ce temps bien de saison, la virée prévue par le Bureau de la Vie Étudiante avait déjà été reporté d'une semaine. D'un côté, tant mieux : cela a permis à l'automne de mieux s'installer et aux arbres de bien prendre leurs teintes automnales.

Je m'éveille avant mon portable, chatouillé par les rayons d'un soleil radieux annonçant une superbe journée d'automne. Le temps de m'équiper, d'acheter mon pique-nique, de monter dans un des sept bus jaunes parmi quelques trois-cents condisciples étrangers, et me voilà en route. Durant le trajet, je converse dans un anglais très correct avec un chinois étudiant en bio-chimie, Christo, son nom chinois m'étant difficilement prononçable et encore moins rédigeable... Venu de Pékin après avoir passé une année au Japon, il a été presque surpris de se trouver en zone francophone au beau milieu de l'Amérique du Nord. Mais il s'y fait, bien que son vocabulaire soit plus que très limité.

Cinquante minutes de chaos plus tard, et nous voici au pied du Mont Sainte-Anne, pic triangulaire, anomalie géométrique et géographique dépassant de près de huit-cents mètres la plaine de la Vallée du Saint-Laurent, avant-poste du Massif des Laurentides et du Bouclier Canadien, multicolore et strié de larges pistes de ski. Grand lieu du tourisme familial au Québec, parcours de randonnée (pédestre ou cycliste) et paradis des parapentes à la belle saison, il se reconvertit en grosse station de ski l'hiver, les pistes servant ainsi durant les deux périodes.

De même qu'au Parc National Jacques CARTIER en d'autres temps, nous sommes priés de choisir notre sentier. Rejoints à la descente du bus par une compatriote de Christo, Tina (Bon sang, ces noms chinois !), pékinoises elle aussi, nous nous concertons. Avant même que je puisse émettre un avis, Tina et Christo choisissent en toute connaissance de cause l'un des sentiers les plus durs , la Crête, estampillée piste rouge. Bon marcheur, je n'ai rien contre mais j'émets un sérieux doute quant aux capacités physiques de Tina, ce qui me vaut les remontrances de celle-ci. Soit. Et here we go !

Mes doutes se révèlent fondés. Tina à la traîne, peine dès les premiers mètres. Il faut avouer que ça grimpe raide. Mais au moins, à part les sauts pour enjamber les fréquents ruisseaux gonflés par la pluie, ça monte droit, pas comme à Jacques CARTIER avec leurs marches gigantesques... Et quand nous arrivons en bas du mur, La belle asiatique pense sérieusement à redescendre pour prendre le télécabine, et elle l'aurait fait si je n'avais pas été en mesure de lui prouver que le temps qu'elle redescende, qu'elle prenne le télécabine et qu'elle atteigne le sommet, elle se serait trouvée bloquée au sommet par la fermeture de la remontée et le départ de nos bus une demi-heure après. Nous entamons donc l'escalade du mur. Quelle torture pour mes deux bouillants pékinois ! Tina n'avance pas et Christo fonce comme un malade pour ne pas s'arrêter de peur de ne pas pouvoir repartir. Nous profitons d'un palier pour pique-niquer, discuter de tout et de rien et, bien évidemment, prendre des photos. Celles-ci parlent mieux que moi, mais je tente quand même une description. Prenez une palette de peinture, mélangez toutes les teintes de rouge, d'orange, de jaune et de marron possibles, éternuez un grand coup face à une toile vierge et vous aurez une idée du spectacle qui s'offre à nous. Quant à la vue en contrebas sur la vallée du Saint-Laurent et l'Île d'Orléans... superbe ! J'en profite pour vous faire remarquer un détail sur la photo de la plaine, vous pouvez voir des champs longs et étroits perpendiculaires au fleuve. Ce système de propriété est en usage depuis les seigneuries françaises du XVIIème siècle. Voilà, voilà, voilà... On est historien où on ne l'est pas !






Nous finissons par arriver au sommet, où je déguste une excellente pomme bio de l'Île d'Orléans (qui commencent à inonder les marchés québécois) que j'avais pris soin d'emporter. Heureux. Les bus sont minuscules en contrebas. Nous n'avons fait que quatre kilomètres, mais on a pris huit-cents mètres d'altitude. Je vous laisse faire le calcul ? Non ? Allez, une petite pente à 20%. Au sommet, outre le fait d'être averti des dangers d'une rencontre avec un ours noir (qui n'aura jamais lieu), je me fait photographier par mes compagnons de routes venus d'orient (Ou d'occident ? Eh !). Voici donc la première photographie attestant de ma présence physique au Québec. Je suis-t-y pas mignon comme ça, cheveux au vent (fort et frèt), polaire en cape, besace et appareil en bandoulière, rasé de près et vainqueur de la montagne ? Notez également la différence très nette en arrière-plan entre la forêt boréale et ses conifères toujours verts (foncés), et la forêt de feuillus qui jaunit et perd ses feuilles.




Nous arrêtons ensuite de descendre par le Sentier des Pionniers, droit, direct et théoriquement simple. Après un arrêt pour contempler le chenil (Christo est en extase dès qu'il aperçoit un chien, sûrement à cause de ses ascendances pékinoises...), nous entamons la descente ! Aïe ! Mes aïeux ! Les ruisseaux gonflés d'eau de pluie se sont transformés en torrents, et le sentier lui-même n'est plus qu'un ruisseau. Qui plus est, je remarque que les téléskis d'ici sont des pioches ! Vade retro mécanique accidentogène ! Bref, entre humus boueux et rochers glissants, je les ai amorties mes godasses trois saisons à cent-quatre-vingt-dix pièces ! Je crains fort que mes deux amis n'aient plus qu'à changer de chaussures d'ici peu. Mais qu'importe, toujours plaisantant, nous marchons gaiement vers la vallée. De plus, l'humidité dégage ces relents d'automne, si agréables aux narines. Senteurs que tout marcheur habitué aux forêts automnales connaît bien, parfums naturels de bois et de végétation humide, d'autant plus forts quand le jour décline.


Nous y parvenons et nous offrons un petit café au bar du bas des pistes, en regardant la joyeuse animation de la fin de semaine au Mont Sainte-Anne, qui est pendant un mois le théâtre d'une fête de l'automne. Piste de vélo-cross, animations diverses, châteaux gonflables, concerts, et plein d'autres saines activités sont à l'honneur, et je regrette de ne pas avoir pu y participer d'avantage. Tina est éreintée, ayant surestimé ses forces, Christo est fatigué, et quant à moi ma jambe droite se rappelle à mon bon souvenir (douloureux reste d'une fente trop tendue à la canne française de combat le samedi précédent). Nous discutons avec Karina, du B.V.E., qui m'écrase de son anglais impeccable (étudiante en relations internationales, ça ne s'invente pas...) et échangeons tous nos mails.

Séparé de mes amis en montant dans le bus, je me trouve à côté d'une de mes condisciples de la Nouvelle-France. Nous faisons donc plus ample connaissance. Aline, belge, en deuxième année de master, et animatrice de colonies de vacances (bon, d'accord, chez les Scouts, personne n'est parfait). Je vous laisse imaginer le sujet de discussion qui égaya le retour...

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