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lundi 7 mars 2011

L'Océan


Ce mot, associé à la puissance et à la liberté, nous fait rêver. Il ne connaît aucune loi, aucune frontière changeant et immatérielle. Jules VERNE faisait dire à son Capitaine Nemo : « Ah ! Monsieur, vivez, vivez au sein des mers ! Là je ne reconnais pas de maîtres ; là je suis libre ! » ; et Charles BAUDELAIRE d'ajouter : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! ».

Ce nom, venu du Grec « Okeanos » (
Οκεανος)
, est celui du Titan qui l'a créé avant de céder sa place au Cronide Poséidon et à sa cour d'êtres des eaux. Ce nom même prouve que seuls les Dieux ont force sur lui.

Cette image qui nous est donnée, à la fois fragile, fascinante et puissante. Fragile en apparence face à la folie de l'Homme destructeur. Fascinante par son mystère et son aura tantôt belle et attirante, tantôt dangereuse, quand ces deux traits ne sont pas associés tels en une Sirène. Puissante par sa fureur et son influence : source de vie et cœur de la Terre, à laquelle elle obéit moins qu'à la Lune.

L'Océan est là, réuni en ces trois sens, pour rappeler à l'Homme qu'il n'est rien.



L'Homme et la Mer.


Sonnet de Charles BAUDELAIRE (1821-1867), extrait du recueil Les Fleurs du Mal (1857).
Je nie m'en être inspiré, ce sonnet m'ayant échappé lors de ma lecture en diagonale du recueil lorsque j'étais au lycée.



Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô Mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

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